création au studio-théâtre de Vitry en 2001, puis en tournée
reprise au > Théâtre Gérard Philipe en 2002

 
 
Les Nègres, Jean Genet, Alain Ollivier
photo © Bellamy

avec José Dalmat • Nicole Dogué • Paulin F. Fodouop • Sergio Guedes • Michèle Lemoine • Pier Ndoumbe • Marie-Philomène Nga • Kwamé • Josselin Siassia • Jean-Baptiste Tiémélé • Nathalie Vairac • Solal Valentin • Marius Yélolo
Scénographie Patrick Bouchain • Lumière Joël Hourbeigt •Masques Patrick Géminel • Costumes Claire Risterucci •Construction du décor Jean et Gaspard Lautrey • Réalisation des masques Claire Niquet • Assistante à la mise en scène Clotilde Ramondou

Les Nègres, Jean Genet, Alain Ollivier
photo © Bellamy
 

Coproduction studio-théâtre de Vitry, Le Volcan, scène nationale Le Havre, La Coursive, scène nationale La Rochelle, Ville de Vitry-sur-Seine. Avec le concours du Théâtre de Rungis. Avec l'Aide à la Création de THÉCIF - Région Île-de-France et du Conseil Général du Val-de-Marne. Production 2002 Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis, studio-théâtre de Vitry

Compagnie Alain Ollivier

Les Nègres

 
de Jean Genet
mise en scène Alain Ollivier

 
Pourquoi Les Nègres ?
L'idée s'est imposée à moi de remonter la pièce de Jean Genet pendant les représentations de Ange Noir de Nelson Rodrigues à Bobigny en mars - avril 1995.  La violence des réactions de certains spectateurs, voire le refus de la pièce, montraient avec évidence que la question Noire était toujours posée.
Beaucoup s'imaginent qu'avec les actes politiques des décolonisations, la dite question est obsolète. Mais les blessures et les conséquences des crimes de l'Histoire ne se guérissent dans les cœurs et ne s'apaisent pas dans les mémoires dans le même temps que s'apposent les signatures au bas des traités politiques.
La question Noire demeure : question posée aux Blancs et la même qui fut au commencement posée à Caïn. C'est pourquoi Les Nègres joue devant au moins un blanc l'idée que ceux-ci se font des nègres.
Certainement que l'ère de la décolonisation et celle de la révolte noire aux Etats-Unis ont contribué au très grand succès international de la pièce à sa création en 1959 ; probablement avec "…Godot" le plus grand succès du théâtre de l'après – guerre. Les spectateurs d'alors n'ont pu qu'associer au récit de la pièce les sentiments politiques très particuliers de ces années-là. Mais tout cela n'a été possible qu'en raison des grandes vertus dramatiques du théâtre de Jean Genet.
Sarah Maldoror dit un jour à Marguerite Duras : « Cette pièce de Genet vous aidera à nous connaître mieux. C'est la seule pièce que nous ayons pour le moment à notre disposition pour vous éduquer, pour essayer de traduire à vos yeux le ridicule de votre idée sur nous ».
Nous nous efforcerons d'abord d'atteindre ce but et nous n'oublierons pas que Les Nègres est une clownerie qui doit être jouée par des Nègres afin qu'elle ne soit pas « saignée à blanc » comme son auteur eut l'occasion de le dire après une représentation de sa pièce jouée par des acteurs blancs maquillés en noir.
> Alain Ollivier


"J'accepte qu'elle n'ait de sens qu'aujourd'hui",
écrivait Genet de sa pièce Les Nègres. 

Dans cet espace Genet désignait celui de notre histoire que l'on peut situer entre mai 1954, défaite de l'armée française au Vietnam, et les accords d'Evian de mars 1962 qui mirent fin à la colonisation française de l'Algérie.
Entendons par là que les spectateurs de l'automne 1959 qui ont fait le très grand et unanime succès à la création de la pièce, n'ont pu qu'associer aux représentations du Théâtre de Lutèce les sentiments politiques très particuliers de ces années de la décolonisation. Mais cela n'aurait pas été possible sans les vertus dramatiques et poétiques du théâtre de Jean Genet.
Beaucoup se sont fait à l'idée qu'avec les actes des traités qui ont mis fin à la souveraineté française dans les colonies, ont disparu les préjugés raciaux qu'exacerbait l'iniquité coloniale. C'est évidemment d'une grande ignorance ou d'une grande mauvaise foi.
Ce qui est nommé "question noire" est la question que pose le crime du Blanc sur le Nègre. La logique voudrait qu'on la nomme "question blanche". La question se pose en effet aux Blancs, puisqu'ils sont les auteurs des forfaits. Mais c'est dans la tradition perverse du criminel de désigner sa victime comme responsable du crime.
C'est ce reflet-là que Genet réfléchit à nos consciences blanches. Et avec un humour que je ne saurais définir tant son objet reste brûlant, et qui se joue comme si tous ces crimes et ces humiliations, l'Afrique avait cette supériorité sur nous de comprendre qu'ils étaient dus à de funestes illusions : de funestes fantasmes.
Les Nègres est aussi une méditation sur le théâtre - le pouvoir du verbe sur le corps et sur ses actes - et une méditation sur les valeurs existentielles et non morales.
> Alain Ollivier

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